CHATEAU D'ECOSSE
LE CHATEAU D’ECOSSE
VOYAGE DES MEMBRES DE LA SOCIETE DES SCIENCES NATURELLES DE LA CREUSE
Ecosse qu’il faudrait plutôt qualifier de Manoir, le terme de Château étant réservé d’après Viollet-Le-Duc aux ouvrages possédant un système défensif, une tour militaire ou un donjon n’a eu que trois propriétaires : les moines de Prébenoit qui n’y possédaient que des fermes, la famille Gérouilhe, bourgeois de Genouillat, et la famille du Comte de Beaufranchet
Aucun compagnon de Marie Stuart, ne vint se réfugier dans cette demeure, malgré une légende locale fantaisiste .Ecosse est un toponyme dérivé de Cossé, Les Cosses, qui ont un caractère forestier, d’ailleurs en 1140 quand fut fondée l’abbaye cistercienne de Prébenoit la région était couverte de bois : la forêt de Cosset .Le domaine résulte du défrichement et d’un groupement d’habitations sur ces terres appartenant aux moines
Le manque d’archives de l’abbaye ne nous permet pas de savoir comment Ecosse est passé aux mains de la famille Gérouilhe, dès le début duXVIIème siècle .En 1613 Emery, de Gerouilhe réclame l’utilisation des communaux contre les habitants de Moisse, en 1636 il est qualifié de marchand du village d’Ecosse, en 1664 son successeur Jacques est juge châtelain de Genouillat, il achète des terres, et construit ou plutôt améliore le bâtiment qui prendra le nom de Château en 1695. Jacques a quatre fils :
Gabriel Sieur d’Ecosse refait le bail du moulin en 1693.
Etienne est curé de Genouillat.
Jean devient Lieutenant assesseur de la vice sénéchaussée de Guéret.
Gabriel le jeune prend le titre de Sieur de Moisse.
Les fiefs voisins de Beauvais , Bellair et du Boueix entrent dans le patrimoine de la famille Gerouilhe , en 1709 Jacques Gerouilhe Seigneur de Beauvais épouse Charlotte Bruneau,son frère Etienne habite le château avec son épouse Gilberte , son second frère Jean est curé de Nouziers .Un autre acte nous apprend qu’en 1740 , Jean dit le jeune , bourgeois ,Sieur de Bellair , fils de Jacques de son vivant notaire royal , épouse Marie Biarnois fille de Jean Seigneur de Maubost et que le 6juin 1740 il rachète à noble Seigneur Guillaume Bonnyaud des terres et maisons au village de Montfargeau pour la somme de 1200 livres .
A la révolution, nous retrouvons François Pardoux Gérouilhe du Boueix membre du conseil du district de Boussac. La famille réussit à garder ses biens et sa dernière acquisition fut les restes de l’Abbaye de Prébenoit en 1811, par Louis Gérouilhe de Beauvais. Un acte de donation-partage de 1814 attribue Ecosse à Euphrasie Gérouilhe, mère du dernier propriétaire Mr Lasnier-Desbarres dont les héritiers vendront le domaine au Comte de Beaufranchet. En 1820, Monsieur de Beauvais neveu de Louis s’installe définitivement en Berry, après son mariage et vend en 1829 toutes les propriétés qu’il possédait sur la commune de Bétête.
Le Château construit au milieu du XVIIème siècle n’avait rien de défensif en cette période de calme, et Jacques de Gérouilhe n’avait à se soucier que des maraudeurs, mais il voulait, faire bonne figure à coté de ses voisins de Boussac, Sainte-Sévère, ou Culan et conserver ainsi l’aspect militaire de cette demeure .Malheureusement, il n’en reste que peu de vestiges, le bâtiment étant devenu une ferme depuis fort longtemps. Il se présentait comme un quadrilatère composé d’une cour et d’un corps de logis .La cour entourée de murs et bornée d’un coté par la maison et les communs , faisait fonction de pièce principale où se déroulait un bon nombre d’activités quotidiennes . Elle possède encore son pavé d’origine. A l’entrée, la tour Nord, la plus petite servait de cellier et grenier, la tour Est plus importante contenait une petite chapelle, dont l’autel a disparu .Il y reste un bénitier et des peintures murales.
Plan de reconstitution du XVIIIème siècle
Entre les deux tours, un mur épais, percé de deux portes dont l’une a disparu, soutenait une passerelle en bois posée sur des poutres et recouverte par un toit pentu. En face du logis une ouverture menait sur un jardin à la française longé par un canal, et la galerie du mur se terminait par une tour carrée, dont il ne reste rien mais qui devait abriter le four de la Boulangerie.
Du coté Sud-ouest rien ne subsiste et on peut admirer le magnifique panorama sur la campagne environnante , mais à l’époque , on aimait clore sa demeure et se protéger du vent .Il existait certainement une enceinte reliant la Tour carrée et le corps du logis .Ces galeries que l’on retrouvait dans le château de Boussac ou de Bois-Lamy ( Moutier-Malcard ) pour porter les spectateurs ,des tournois et de certains jeux de paume n’avaient ici qu’une fonction de communication entre les différentes tours qui servaient de greniers à un riche marchand.
Les descriptions qui suivent datent du début du siècle dernier, des embellissements ayant eu lieu depuis.La façade sans ornement laisse supposer que Jacques Gérouilhe a gardé le vieux logis de ses ancêtres , hypothèse confirmée par l’étude de la charpente semblable à celle du château de Boussac .L’intérieur a la même simplicité que la façade .Un vestibule avec à droite la cuisine et sa vaste cheminée sans décor , à gauche le salon aux poutres couvertes de peintures très bien conservées d’époque Louis XIII mais vraisemblablement retouchées à la fin du XVIIIème siècle .La grande cheminée a été remplacée par une large baie .Le pavillon carré construit par Jacques Gerouilhe , était le coin retiré où aimait se tenir le curé de Nouziers et ses frères Les murs étaient recouverts de boiseries Louis XV , qui ornent aujourd’hui un salon du château de Moisse . Cette pièce sert actuellement de salle à manger. Au premier étage on retrouve la même disposition et les cheminées sans ornement.
Ces lignes m’ont été inspirées par Jean Desjobert de Prahas à la suite d’un voyage avec d’autres membres de La Sociéte des Sciences Naturelles de la Creuse